Paroisses catholiques de Sarcelles

Paroisses catholiques de Sarcelles

Homélie de Stanislas Lalanne pour le 4e dimanche de Pâques 3 mai 2020

 


Imaginez, écrivait Marc Lévy dans son livre Et si c’était vrai…, qu’à partir de demain votre banque vous offre chaque matin la somme de 86 400 euros.

Une exigence : cette somme devra être dépensée dans la journée. Vous pouvez l’utiliser pour vos propres besoins ou pour offrir des cadeaux à d’autres. En tout cas, il n’est pas question de la déposer sur un compte d’épargne. Et tout l’argent que vous n’aurez pas utilisé sera perdu à jamais.

Vous n’avez pas à vous en faire puisque le lendemain vous aurez à nouveau 86 400 euros qui vous attendent sur votre compte.

De plus, vous fait remarquer la banque, elle peut interrompre ce cadeau quand elle le souhaite et sans vous prévenir. Chacun d’entre nous évidemment se met à rêver et à faire de superbes projets.

Cette banque n’est pas si imaginaire que cela. Nous la possédons toutes et tous : il s’agit de la banque du temps. Chaque journée nous est créditée de 86 400 secondes.

Ce temps, nous le dépensons pour nous et pour les autres. Et tout temps qui est passé est dépassé à jamais.

Le temps se goûte à chaque instant. C’est pourquoi, il est préférable d’ajouter de la vie au temps plutôt que du temps à la vie. Il est illusoire de croire que plus nous aurons de secondes disponibles à dépenser, plus nous serons heureux.

Donner plus de temps à la vie ne nous appartient pas. C’est la nature qui le décidera. En revanche, donner de la vie au temps est du ressort de notre propre liberté.

La qualité de l’occupation de mon temps m’appartient. C’est à moi, en lien avec tous ceux qui m’entourent, de décider comment je vais l’utiliser. En effet, ce n’est pas l’événement qui fait la vie mais plutôt la manière dont je le vivrai. Alors prenons le temps de vivre, le temps d’aimer.

N’est-ce pas cela même le sens de l’abondance de la vie dont nous parle le Christ dans l’évangile de ce jour ? « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

Pour vivre cette promesse de l’abondance de la vie, nous sommes conviés à accepter de revêtir le Christ, ou encore de se laisser enrober par le Père.

Dès l’instant de notre baptême, toutes et tous, nous avons revêtu le Christ. En effet, nous portons en nous et sur nous la marque de l’Esprit Saint.

L’apôtre Pierre l’affirme clairement dans la première lecture :
« Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. »

Dans beaucoup de nos paroisses, dès que les conditions sanitaires le permettront, des enfants, des jeunes et des adultes seront baptisés, plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Ils revêtiront ce vêtement blanc, ils revêtiront le Christ, ils seront devenus des créatures nouvelles, nous dit saint Paul.

Au fil de la vie, cet habit de lumière, créé par le Père, dessiné dans le Fils et confectionné par l’Esprit, peut, suite à certaines saisons douloureuses de l’existence, se ternir, voire s’abîmer.

Nous le savons, l’échec professionnel, la maladie, la vieillesse, les souffrances auxquelles nous sommes confrontés, sont autant de facteurs qui peuvent altérer la qualité de notre vêtement intérieur.

Heureusement pour nous, dans la foi, le plus grand couturier depuis la Création du monde, c’est l’Esprit Saint qui n’utilise que le fil d’or de la tendresse pour réparer nos blessures les plus profondes.

En Dieu, il y a toujours l’espérance. Il ne faut pas grand-chose pour que le souffle de l’Esprit puisse agir en nous. Dieu est avec nous, Dieu est en nous.

Il ne nous lâche pas et il nous convie à le chercher dans les traces laissées par son Fils et dans les marques de l’Esprit agissant par le biais des créatures humaines.

Notre vocation, c’est que
• nous sommes tous appelés à la vie,
• tous appelés à oser la regarder en face avec ses beautés et ses moments plus douloureux,
• tous appelés à l’écrire avec une plume trempée dans l’encre de l’amour,
• tous habités par cette conviction que l’encrier ne se videra jamais puisqu’il prend sa source dans le Fils.

Tel est le sens premier du salut dont nous parlent les passages de la Parole de Dieu aujourd’hui. Dieu nous appelle gratuitement à l’abondance de la vie. Dieu nous appelle à la grande Vie.

Et c’est Jésus qui nous montre la porte de la vie. Il n’y en a pas d’autre que lui-même : « Moi, je suis la porte », affirme-t-il.

Ce n’est pas seulement un enseignement qu’il est venu nous apporter. Il ouvre à notre existence la porte de la vie. Qui ne voudrait franchir cette porte ? Qui ne désire vivre, et vivre en abondance ?

Et cette offre n’est pas réservée à un petit groupe de favorisés ou d’initiés qui seraient les seuls appelés, les prêtres, les diacres ou les consacré(e)s ! Jésus et la vie qu’il apporte ne sont pas non plus le privilège des brebis qui sont déjà dans l’enclos.

De même que Luc raconte la parabole du berger qui laisse les 99 brebis pour aller à la recherche de l’unique égarée, Jean nous montre la volonté de Jésus d’ouvrir à tous les hommes la porte du salut.

Si Jésus est à la fois le berger et la porte, c’est qu’il a frayé aux hommes le passage vers la vie. Ce passage est celui de sa Pâque.

Jésus nous tourne ainsi vers son mystère pascal. Il se dessaisit de sa vie pour devenir source de vie. Par le baptême nous franchissons la porte qu’il nous ouvre.

Nous faisons partie du seul troupeau et nous connaissons la voix du seul berger : « Tu es mon berger, Seigneur ! Rien ne saurait manquer où tu me conduis. » Amen.



03/05/2020
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