Paroisses catholiques de Sarcelles

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Homélie de Mgr Stanislas Lalanne Dimanche des Rameaux et de la Passion

 

Chers amis, qui est donc cet homme Jésus que l'on acclame à Jérusalem ? C'est la question que se posaient sans doute les badauds, sur le bord de la route, ce jour-là. Un roi, sûrement un roi !

L'accueil qui lui est fait, à l'entrée de la ville, est en effet un accueil royal, de la part d'une foule d'ailleurs certainement sincère.

Mais quel malentendu ! On croyait encore que le Messie allait prendre le pouvoir et restaurer la royauté de David. Jésus, qui s'est toujours refusé à ce qu'on l'acclame comme roi, pourquoi, ce jour-là, s'est-il laissé faire ?

C'est que le cortège triomphal, avec les palmes qui s'agitent et les « Hosanna » qui résonnent, est suivi, peu de temps après, d'un autre cortège, pitoyable celui-là, un certain vendredi. Les lances rigides remplaceront les palmes, les cris de haine feront oublier les « hosanna ».

Les palmes, les rameaux dont nous ornons habituellement les crucifix de nos maisons disent toute l’ambiguïté de ces cris d’acclamation qui se transforment en cris de condamnation. Ils signent l’ambiguïté aussi parfois de nos actes de foi, d’espérance et de charité.

Les rameaux disent notre fragilité. Ces rameaux, verts pendant la Semaine sainte, se flétrissent au fil des mois comme nos espoirs humains et notre volonté peuvent s’altérer.

Alors, en leur absence, cette année, nous pouvons contempler de façon renouvelée l’arbre de la croix, le trône sur lequel Jésus notre roi a donné sa vie pour que nous ayons la vie.

Alors oui, qui donc est cet homme ? Un roi, certes, mais cette fois, aucun risque de malentendu : un roi dont la toute-puissance est celle de l'amour aux mains nues.

Le roi du Royaume que Jésus n'a pas cessé d'annoncer par ses paroles et par ses actes. C'est celui que ses disciples ont vu pendant trois ans proche des malades, des infirmes, accueillant aux petits, à tous ceux et celles que la société et la religion méprisaient.

Il allait même manger avec les publicains et les pécheurs, au grand scandale des pharisiens enfermés dans la loi et les règlements. La parole de cet homme n’était comme nulle autre pareille. Il parlait juste, il parlait vrai.

La simplicité de ses mots touchait tous les cœurs ouverts. Il disait que c'était Dieu, son Père, qui lui inspirait ses actes et ses paroles. C'est pour cela qu'on l'a arrêté et qu'il a été crucifié.

Après sa mort, ses disciples entrent dans l’ère du vide. Le sol se dérobe sous leurs pieds. Leur vie tangue avec la mort de leur maître, seigneur et ami.

La plupart d’entre nous, nous en avons fait l’expérience, parfois de manière très éprouvante, peut-être récemment, peut-être en ces jours de tragédie humanitaire.

Quand nous perdons un proche, quelle que soit notre foi, nous ne pouvons pas aussitôt cicatriser la blessure de la séparation ni supprimer le silence de l’absence de l’être cher. Nous sommes conviés à entrer dans une présence qui n’est plus physique mais différente, spirituelle.

Qui donc est cet homme ?

Nous le contemplons, une fois encore, en écoutant ou lisant avec ferveur le récit de la Passion selon saint Matthieu proposé en ce dimanche. Un roi d'amour, couronné d'épines !

Avec la puissance divine et royale de l’amour et de la vie, il se livre pour nous et pour la multitude.

La force de Jésus éclate dans sa faiblesse. Face à la violence, il ne se venge pas, il ne se révolte pas. Il se fait vulnérable jusqu’à se laisser clouer sur la croix des criminels, s’abandonnant sans haine au mal qui ronge nos vies.

Mis au rang
• des rejetés,
• des innocents bafoués,
• des justes persécutés,
• des malades,
• particulièrement ceux gravement atteints par le coronavirus,
• et des agonisants qui souffrent et meurent, seuls, sans comprendre,
il nous rejoint pour être avec nous dans les profondeurs de nos détresses. Nous entrons dans sa Passion.

Avant que Jésus soit livré par Judas, les prêtres et Pilate, Jésus lui-même se livre : « Ceci est mon corps donné pour vous. » Ailleurs, il dit : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Le Vivant donne la vie, sa vie, et il nous rend vivants, même dans la mort. Sa Passion est une passion d’amour pour son Père et pour nous.

Jésus s’en remet à son Père, en pleine confiance. Il se donne à lui, sans réserve. Il lui dit oui, dans un amour total.

En contemplant la passion et la croix de Jésus, nous pouvons désirer et demander que toute notre vie, dès aujourd’hui, soit un don de nous-mêmes à notre Père des cieux, et à nos frères et sœurs.

Nous pouvons nous tourner donc vers Jésus, pour que lui-même nous fasse partager son amour immense pour le Père et pour les hommes.

Chers amis, que ce dimanche des Rameaux et de la Passion nous introduise spirituellement à cette Semaine sainte que nous allons vivre de manière si particulière mais certainement très intense. Nous la vivrons seul ou en famille, mais, je le sais, en grande communion spirituelle les uns avec les autres.

A quelques jours de la fête de Pâques qui se profile, c’est la grâce que je souhaite à chacun et chacune de vous. Amen.

5 avril 2020



05/04/2020
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