Paroisses catholiques de Sarcelles

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Homélie de Stanislas Lalanne Mercredi 11 novembre 2020

Homélie de Stanislas Lalanne
Mercredi 11 novembre 2020

 


Nous venons de l’entendre, dans l’évangile de ce jour : aux confins de la Galilée et de la Samarie, quelques hommes, le corps rongé par la lèpre, viennent à la rencontre de Celui qui seul peut les guérir : Jésus de Nazareth.

Conformément aux dispositions en vigueur pour les lépreux, ceux-ci restent à distance. Et c'est du bord du chemin qu'ils lui crient leur souffrance : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! »

Jésus, à leur vue, ne fait aucun geste spectaculaire, pas même une imposition des mains mais il leur dit simplement : « Allez vous montrer aux prêtres ! »

La guérison n'est pas encore visible, mais la réponse de Jésus suffit pourtant aux dix hommes qui se mettent aussitôt en route, pour accomplir les rites de purification, prescrits par la loi.

C'est alors que l'un d'entre eux, un étranger, un Samaritain, revient sur ses pas. La rencontre avec Jésus l'a touché au plus profond de lui-même : lui seul reconnaît la main qui l'a guéri.

Et comment ne pas revenir vers celui qui vous a arraché à la mort ?

Comment ne pas laisser monter de son cœur un chant de gratitude et d'allégresse ?

Et ses lèvres alors d'entonner un chant tout vibrant d'action de grâce au Seigneur. Car, ce jour-là, Dieu a fait pour lui, par Jésus, une grande merveille. Et Jésus de lui dire : « Relève-toi et va, ta foi t'a sauvé. »

Cet évangile entre étrangement en résonnance avec un autre récit, un peu plus de quatre siècles plus tard.

Cela se passe un soir d’hiver. Il s’agit d’un catéchumène, c’est-à-dire d’un homme qui demande le baptême. C’est un légionnaire de dix-neuf ans. Il vient de la partie occidentale de l’actuelle Hongrie.

Nous sommes en 334. Il fait très froid. Le jeune militaire hâte le pas de son cheval. Déjà, il aperçoit la fumée qui s’échappe des cheminées de la ville d’Amiens.

Il lui tarde évidemment de trouver un peu de chaleur dans le campement, à l’abri de la brise si âpre.

Au détour d’une ruelle, le légionnaire aperçoit une figure humaine. C’est un pauvre vêtu de guenilles et tremblant de froid.

Son visage est bien visible dans l’obscurité. On devine pourtant que son regard fatigué porte toute la misère humaine.

L’apprenti chrétien, le catéchumène, comprend alors qu’il reçoit en ce miséreux la réponse tant recherchée. Le prochain, c’est lui ! Aussi il n’hésite pas. Saisi par la charité, il retire son manteau, le coupe par le milieu avec son épée et en donne la moitié au pauvre.

Pourquoi la moitié ? Tout simplement, parce qu’à cette époque, les vêtements des militaires appartenaient pour une moitié à l’armée et pour une autre moitié aux hommes qui les portaient. Le catéchumène ne donne que ce qui lui appartient en propre : la charité ne se passe pas de la justice !

Vous l’avez reconnu : il s’agit de saint Martin dont nous célébrons la fête le 11 novembre.

Dans la nuit, le Christ lui apparaît en songe sous les traits du mendiant. Il est revêtu du manteau partagé. Il lui dit : « C’est à moi, Martin, que tu as donné ton manteau ! » Ainsi se vérifiait la phrase de l’Evangile : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont à moi, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Ce chemin de la foi emprunté par Martin a vraiment été un chemin de renaissance, un chemin de reconnaissance de Dieu et du frère…

Qui est mon frère ? Qui est mon prochain ?

Cette question traverse nos vies. Elle traverse aussi les siècles. Venue directement de l’Evangile, elle nous atteint aujourd’hui de plein fouet. Elle ne s’adresse pas seulement aux personnes, mais aussi aux institutions.

Le 11 novembre, c’est aussi la date de la fête de l’Armistice de la Première guerre mondiale. Nous faisons mémoire du sacrifice de nos ancêtres, morts pour notre pays et pour la liberté.

Cet Armistice de 1918 signe la fin d’une guerre terriblement meurtrière dont nos grands-parents, arrière-grands-parents ou arrière-arrière-grands-parents voulaient qu’elle soit la der des der.

Un Armistice pour ouvrir l’avenir à la paix, à la justice, à l’amour du frère : un chemin de renaissance, comme pour saint Martin.

Saint Martin de Tours, ainsi nommé Martin de la Miséricorde est bien l’une des figures majeures de la manifestation de la charité du Christ pour les pauvres. Il nous livre le témoignage saisissant de l’Evangile en actes en se faisant proche du pauvre.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi la date de sa fête, le 11 novembre, pour publier une exhortation ayant pour titre : « Saisis par la charité ».

La crise sanitaire et sécuritaire que nous connaissons dessine un contexte difficile et angoissant qui renforce l’appel du Christ à mettre la charité au cœur de notre vie pastorale et missionnaire.

Cette exhortation a pour but d’aider les disciples du Christ que nous sommes, quel que soit notre état de vie, que nous soyons fidèles laïcs, consacré(e)s ou ministres ordonnés, à prendre les moyens concrets de replacer la charité au cœur de notre vie personnelle et ecclésiale.

Oui, laissons-nous saisir par la charité du Christ qui s’est livré pour nous. Et que cette charité se fasse inventive, solidaire et fraternelle. Qu’elle soit attentive aux personnes les plus pauvres et les plus fragiles. Amen.



11/11/2020
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